Recherche et valorisation
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Études de genre en recherche, de quoi parle-t-on ?

Face aux polémiques récemment surgies dans l’espace public sur la question du genre, la commission de la recherche du conseil académique de l’Université de Strasbourg a voté une motion de soutien envers les études impliquant  la notion de genre dans toutes les disciplines universitaires concernées. L’occasion de souligner la multitude et la diversité des travaux de recherche menés à Strasbourg pour lesquels la question du genre est un outil/concept primordial.

Depuis novembre 2013, dix académies volontaires expérimentent les ABCD de l’égalité. Leur but est de lutter contre les inégalités filles/garçons et donc femmes/hommes, et de mettre en évidence les stéréotypes que l’on forge dès le plus jeune âge et qui enferment chaque sexe dans des rôles préétablis. Depuis le début de cette expérimentation, les rumeurs les plus folles circulent sur l’existence d’une "théorie du genre" et une vive polémique est née autour des potentiels effets néfastes pour les enfants de ce type de sensibilisation. Pour faire taire ces rumeurs, répondre aux questionnements des parents et des enseignants et rappeler la légitimité de ce champs de recherche, un collectif d’une centaine d’enseignants-chercheurs de l’Université de Strasbourg a publié un manifeste en février dernier : ce texte, alors soutenu et signé par plus d’une trentaine de communautés universitaires françaises, a fait l’objet une pétition nationale en ligne ouverte à tous ; celle-ci a été relayée par de nombreux médias et envoyée par les signataires aux ministres de tutelle.

La question du genre intervient dans n'importe quel travail de recherche

En quoi consiste la recherche sur le genre exactement ? Pourquoi certains chercheurs se posent-ils la question du genre ? Quelles réponses cela peut-il amener ? « Le genre est un concept pour penser des réalités objectives. On n’est pas homme ou femme de la même manière au Moyen-Âge et aujourd’hui. On n’est pas homme ou femme de la même manière en Afrique, en Asie, dans le monde arabe, en Suède, en France ou en Italie. On n’est pas homme ou femme de la même manière selon qu’on est cadre ou ouvrier. Le genre est un outil que les scientifiques utilisent pour penser et analyser ces différences », écrivent les enseignants-chercheurs à l’origine du manifeste strasbourgeois. Sandra Boehringer, une des membres du collectif à l’initiative de ce manifeste, ajoute : « La question du genre peut intervenir dans n’importe quel travail de recherche, à un moment donné et quelle que soit la discipline. Le genre n’est pas un synonyme d’égalité femmes/hommes. L’égalité femmes/hommes est un objectif visé par une politique publique qui est celle de la France, en ce début de 21e siècle, une politique que nous soutenons, ici, à l’Université de Strasbourg. Le genre est un outil scientifique que les chercheurs utilisent sans a priori mais qui peut apporter à cet objectif d’égalité des éléments utiles. » Cela revient ainsi à s’interroger sur l’impact du genre sur une problématique donnée (le genre de la République, par exemple), à prendre en compte la dimension sexuée dans une étude. La précision explicite du sexe des patients dans un essai clinique sur les effets de produits toxiques s’avère parfois éclairante. Cette question interdisciplinaire et transversale est partagée à Strasbourg par de nombreux chercheurs dans des domaines aussi variés que l’histoire, la psychologie, la sociologie, le droit, les sciences du vivant, les sciences du sport, la médecine et la santé, etc., et bien sûr les sciences de l’éducation.

À titre d’exemple, trois chercheuses de l’Université de Strasbourg nous expliquent comment le genre entre dans leurs préoccupations de recherche :

Anne-Isabelle Bischoff

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Genre, normes et sexualité dans l’Antiquité

Sandra Boehringer, maîtresse de conférences en sciences historiques au sein du laboratoire Archimède (UMR7044), étudie les sociétés grecque et romaine sous l’angle du genre, et plus particulièrement les dispositifs et les normes portant sur la sexualité. Autrement dit, elle se demande en quoi le fait d’être un homme ou une femme joue dans les relations amoureuses et sexuelles, ainsi que dans les relations sociales (pédagogiques, politiques) à cette époque de l’histoire et dans ces sociétés. 

Contrairement aux ethnologues et aux sociologues, les historiens antiquisants n’ont pas de "terrain" qui leur permettrait de mener une enquête en rencontrant les personnes. Comme le mentionne également la spécialiste de l’Antiquité, il est souvent difficile en raison de la nature et de la disparité des sources, de croiser les données ou de faire des mises en série de grande ampleur de la même façon que le font les historiens de l’époque contemporaine ou les sociologues. Il faut donc interpréter les textes et les données de la manière la moins généralisante possible.
Dans l’Antiquité, le critère déterminant dans les parcours de vie des personnes avant le sexe est leur statut. C’est le fait de disposer de son corps ou non, c’est-à-dire d’être libre ou esclave. De la même manière, le sexe de la personne qui fait l’objet d’un élan érotique n’est pas un élément qui peut créer des catégories opposées ou différenciées, comme c’est le cas actuellement, avec les notions d’homosexualité et d’hétérosexualité nées à la fin du XIXe siècle. On peut être attiré par une personne du même sexe ou du sexe opposé sans que cela ne soulève de questions morales ou de diagnostic psychologique.

Les sociétés grecques et romaines, "before sexuality"

D'autres critères, nombreux et complexes entraient en jeu dans la perception des relations érotiques. Comme Michel Foucault et ses successeurs l’ont montré, à cette époque, le sexe n’avait pas la valeur de "vérité" qu’on lui accorde aujourd’hui. « Dans l’Antiquité, l’élan érotique n’est pas sexué. Nous sommes dans des sociétés dites – selon la désormais célèbre expression  du chercheur David Halperin –  "before sexuality" ». La façon que nous avons, au XXIe siècle en Occident, de catégoriser les individus et de différencier les pratiques sexuelles sur le critère d’une orientation sexuelle aurait semblé complètement exotique pour les Grecs », explique la chercheuse.
Ainsi, « l’Antiquité est un formidable laboratoire d’exploration qui permet non seulement de découvrir d’autres sociétés avec des normes et des pratiques différentes des nôtres mais aussi, par l’usage de la comparaison, de mettre au jour les constructions sociales et culturelles de nos sociétés contemporaines, qui très souvent nous semblent naturelles ou aller de soi », s’enthousiasme la chercheuse. « C’est une des enquêtes transdisciplinaires que nous avons pu mener dans le cadre de la thématique du séminaire Corps Vulnérables, avec Estelle Ferrarese, professeure à la Faculté des sciences sociales, et à laquelle va se joindre l’année prochaine Jean-Christophe Weber, professeur de médecine interne à la Faculté de médecine de Strasbourg, qui travaille depuis longtemps dans le champ de l’éthique. »

AIB

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Genre et éducation

Céline Petrovic, docteure en sciences de l’éducation et chargée d’enseignement à l’Université de Strasbourg a récemment signé une tribune sur Rue89 pour plébisciter l’enseignement du genre.

Pour elle, le genre est une construction sociale qui implique que le féminin et le masculin n’ont pas la même valeur dans la société. Les inégalités sociales entre les sexes ne sont pas le résultat de nos différences biologiques mais bien d’un apprentissage de stéréotypes, qui font que les femmes et les hommes ne sont pas traités de manières équitables et ne s’estiment/se perçoivent pas de la même manière. « Mes recherches portent sur la façon d’enseigner le genre, sur les résistances que cela peut provoquer au sein du corps enseignant ou des futurs professeurs en cours de formation, explique la chercheuse. J’ai développé un outil qui rend tout cela concret, qui permet une co-construction des savoirs avec mes interlocuteurs. » Si les travaux de recherche sur le genre en particulier dans le domaine de l’éducation sont menés en France depuis plus de 30 ans, les résultats de ses travaux ne sont pas utilisés ou de manière très isolée, pour faire évoluer les méthodes d’enseignement, et lutter contre les inégalités, les discriminations dès l’école. Sur le terrain, Céline Petrovic essaye de faire prendre conscience aux enseignants que même s’ils sont tous persuadés de faire la chasse aux inégalités, ils ont des attentes différentes, qui sont le plus souvent inconscientes, vis-à-vis des filles et des garçons. De même, plus les élèves eux-mêmes adhèrent aux stéréotypes de genre, plus ils sont enclins à l’échec scolaire. Enfin, ces stéréotypes peuvent être source de tensions dans une classe. « Je suis dans une démarche d’accompagnement à la prise de conscience des aspects sexistes du système éducatif», souligne Céline Petrovic qui déplore cependant qu’aucun poste en France ne soit officiellement dédié à ce type d’enseignement pourtant primordial et qui a fait ses preuves en Europe du Nord.  

AIB

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Genre et fonctions parentales

Au laboratoire Subjectivité, lien social et modernité (Sulisom EA 3071), Anne Thevenot, professeure de psychologie clinique, étudie les fonctions maternelles et paternelles dans le cadre des transformations familiales actuelles, en lien avec les changements sociétaux. La question du genre y est fortement prégnante.

« Les transformations familiales contemporaines nous conduisent à interroger les fonctions psychiques et sociales des père et mère élaborées dans le contexte d’une organisation patriarcale de la société et des familles », explique-t-elle en guise d'introduction. La chercheuse s’interroge sur l’assignation sexuée des rôles et fonctions de la mère aux femmes et du père aux hommes. Qu’est-ce que cela veut dire « avoir besoin d’un père et d’une mère » comme on l’a entendu au moment des manifestations pour le mariage pour tous ? Peut-on, faut-il, différencier liens biologiques et légaux dans ce questionnement ? Quelle est l’influence de la culture et de la société dans laquelle on vit sur la définition de ces fonctions ?
Comme l'explique Anne Thevenot, la fonction maternelle est supportée par un adulte en charge du maternage de l'enfant ; elle peut être définie selon Winnicott « comme une fonction de soutien au développement psychique et physique de l’enfant ». La fonction paternelle est un principe séparateur qui permet à l’enfant de sortir de la confusion d’avec l’autre maternel, c’est une fonction d’ouverture, pour que la dépendance, le lien duel, fusionnel avec la mère ne perdure pas, pour que l’enfant s’ouvre au monde.

Relativiser l'importance du genre dans les fonctions parentales

Pour la chercheuse, ces deux fonctions psychiques ne sont pas liées au sexe de la personne qui les remplit, même si pendant longtemps elles ont été pensées en fonction du père et de la mère et de leur place au sein de la cellule familiale : une mère au foyer qui élève les enfants et un père qui travaille et fait le pont vers l’extérieur. Dans le cas des familles monoparentales, ce n’est pas parce qu’un parent est en fonction maternelle vis-à-vis de son enfant qu’il n’est pas à même d’introduire du tiers, de la séparation ! Il en va de même dans les familles homoparentales. « Il existe tout de même une différence dans notre relation à l’enfant en fonction de notre sexe, c’est indéniable. Nous transmettons quelque chose du sens que cela a pour nous d’être garçon ou fille, ce qu’est notre sexe et la représentation qu’on a de l’autre sexe. Parents et enfants, nous sommes des êtres sexués et ce n’est pas neutre, souligne la chercheuse. Mon orientation n’est pas de dire que le genre n’a pas d’importance dans les fonctions parentales mais de la relativiser par rapport à certains discours alarmistes. À mon sens, cela n’engendre pas de difficultés majeures mais apporte une autre façon d’exercer ces fonctions et donne à l’enfant une vision différente mais pas a priori pathogène pour son développement. » 

AIB

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Un bus itinérant Euraxess pour promouvoir les carrières de recherche en Europe

Etudiants en master, jeunes chercheurs français ou étrangers, venez découvrir les opportunités de carrières de recherche en Europe dans le bus EURAXESS, qui fera étape à l’Université de Strasbourg  le 10 avril prochain de 10 h à 16 h, rue Gaspard Monge devant l’Institut de science et d'ingénierie supramoléculaires (Isis).

"Euraxess – Mobilité des chercheurs" a pour objectif de mettre en avant la carrière des chercheurs. Cette initiative paneuropéenne rassemble la Commission européenne et 35 pays, fournit des informations sur les métiers de la recherche partout en l'Europe, une aide personnalisée aux chercheurs se déplaçant dans un autre pays européen ou de retour en Europe, des informations sur des droits et des engagements des chercheurs et des organismes de recherches.Cette année, la Commission européenne lance un roadshow et un bus itinérant aux couleurs d’Euraxess sillonnera l’Europe à travers 31 villes de 22 pays. Strasbourg est l’unique étape française prévue le 10 avril 2014 de 10 h à 16 h. Le bus stationné devant l'Isis sera équipé de bornes d’information et des professionnels d’Euraxess seront à la disposition des étudiants en master et jeunes chercheurs pour informer et conseiller sur les carrières de la recherche. Il offrira la possibilité de prendre des photos sur place et de déposer son CV en ligne sur le portail d’Euraxess jobs (apporter son CV sur une clé USB).
Deux tables-rondes se tiendront ensuite de 14 h à 15 h 30 à l’amphi du Collège doctoral européen. Elles feront intervenir les experts du financement de la mobilité dans la recherche et du programme H2020.

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Venez découvrir la plateforme SciFinder

Le Service commun de la documentation organise une présentation de la plateforme SciFinder, spécialisée en chimie, le jeudi 27 mars 2014 de 14 h à 16 h 30 dans l'amphithéâtre Fischer de la Faculté de chimie.

La présentation sera assurée par Frédéric Allier, chimiste de formation qui travaille pour Chemical Abstract Service depuis de nombreuses années. Elle s'adresse aux chercheurs et étudiants avancés en chimie. Après une  présentation d’1h15 environ, une démonstration permettra d’illustrer les nombreuses options offertes par SciFinder et de répondre à toutes les questions posées. Les exemples de recherche sont les bienvenus.

  • Les inscriptions et éventuelles questions sur SciFinder sont à adresser à Laure Gouneaud.

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Appel à candidatures pour les chaires Gutenberg 2014

Les collectivités alsaciennes vont financer une nouvelle fois le dispositif des chaires Gutenberg, lancé pour la première fois en 2007 à l'initiative du Cercle Gutenberg, pour faciliter l’accueil en Alsace de chercheurs de niveau international invités par un ou plusieurs établissements d’enseignement supérieur et de recherche. 
Tous les champs disciplinaires sont éligibles dans les deux départements alsaciens. Au titre de ce dispositif, le lauréat bénéficie à titre personnel d'un prix de 10 000 euros et son unité d'accueil d'une dotation de 50 000 euros.
Les dossiers de candidatures dûment complétés doivent être adressés au Cercle Gutenberg par les responsables des établissements ou des unités d’enseignement et de recherche concernées au plus tard le 15 avril 2014. 

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Doctoral school day 2014 des sciences de la vie et de la santé

La journée de l’École doctorale de sciences de la vie et de la santé s'est déroulée le 19 février dernier au Collège doctoral européen. Elle a rassemblé les doctorants qui dépendent de cette structure. Cette journée a mêlé travail scientifique avec la présentation de travaux de doctorants et perspectives professionnelles avec l'intervention d'Espace avenir ou encore d'associations étudiantes.

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